Tractatus logico-philosophicus (français): Difference between revisions

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Il n'est pas possible de trouver de surcroît une possibilité nouvelle.
Il n'est pas possible de trouver de surcroît une possibilité nouvelle.


'''2.01231''' Pour connaître un objet, il ne me faut certes pas connaître ses propriétés externes - mais bien toutes ses propriétés internes.
'''2.01231''' Pour connaître un objet, il ne me faut certes pas connaître ses propriétés externes mais bien toutes ses propriétés internes.


'''2.0124''' Si tous les objets sont donnés, alors sont aussi en même temps donnés tous les états de choses possibles.
'''2.0124''' Si tous les objets sont donnés, alors sont aussi en même temps donnés tous les états de choses possibles.
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(Si tout se passe comme si un signe avait une signification, c'est qu'alors il en a une.)
(Si tout se passe comme si un signe avait une signification, c'est qu'alors il en a une.)


'''3.33''' Dans la syntaxe logique, la signification d'un signe ne saurait jouer aucun rôle; il faut que la syntaxe soit établie sans
'''3.33''' Dans la syntaxe logique, la signification d'un signe ne saurait jouer aucun rôle; il faut que la syntaxe soit établie sans pour autant faire état de la signification d'un signe, elle ne peut que supposer seulement la description des expressions.
 
'''3.331''' À partir de cette remarque, examinons la « théorie des types » de Russell : l'erreur de Russell se manifeste en ceci qu'il lui faille parler de la signification des signes pour établir leur syntaxe.
 
'''3.332''' Aucune proposition ne peut rien dire à son propre sujet, puisque le signe propositionnel ne saurait être contenu en lui-même (c'est là toute la « théorie des types»).
 
'''3.333''' Une fonction ne saurait par conséquent être son propre argument, puisque le signe de fonction contient déjà l'image primitive de son argument, et ne peut se contenir lui-même.
 
Supposons, par exemple, que la fonction F(fx) puisse être son propre argument; il y aurait donc alors une proposition « F(F(fx)) », dans laquelle la fonction externe F et la fonction interne F devraient avoir des significations différentes, car la fonction interne est de la forme φ(fx), l'externe ψ(φ(fx)). Seule est commune aux deux fonctions la lettre F, mais qui en elle-même ne dénote rien.
 
Ceci s'éclaire immédiatement si, au lieu de « F(F(u)) », nous écrivons: « (∃φ) : F(φu) . φu = Fu ».
 
Ainsi se trouve éliminé le paradoxe de Russell.
 
'''3.334''' Il faut que les règles de la syntaxe logique se comprennent d'elles-mêmes, si l'on sait seulement comment chaque signe dénote.
 
'''3.34''' La proposition possède des traits essentiels et des traits contingents.
 
Sont contingents les traits qui proviennent du mode particulier de production du signe propositionnel. Sont essentiels ceux qui permettent à la proposition d'exprimer son sens.
 
'''3.341''' L'essentiel, dans une proposition, est donc ce qui est commun à toutes les propositions qui peuvent exprimer le même sens.
 
Et de même, plus généralement, est essentiel au symbole ce qui est commun à tous les symboles qui peuvent atteindre le même but.
 
'''3.3411''' On pourrait donc dire: le véritable nom est ce que tous les symboles qui dénotent l'objet ont en commun. Il s'ensuivrait, de proche en proche, qu'aucune composition n'est essentielle au nom.
 
'''3.342''' Dans nos notations, il y a bien quelque chose d'arbitraire; mais ce qui n'est pas arbitraire, c'est que, lorsque quelque chose a été arbitrairement déterminé, alors quelque chose d'autre doit avoir lieu. (Ceci résulte de l'''essence'' de la notation.)
 
'''3.3421''' Il se peut qu'un mode particulier de dénotation soit sans importance, mais ce qui est toujours important, c'est qu'il soit un mode ''possible'' de dénotation. Ainsi en est-il, en règle générale, en philosophie : l'individuel se révèle toujours comme étant sans importance, mais la possibilité de chaque cas individuel nous révèle quelque chose sur l'essence du monde.
 
'''3.343''' Les définitions sont des règles de traduction d'une langue dans une autre. Tout symbolisme correct doit pouvoir être traduit dans tout autre au moyen de telles règles : c'est ''cela'' qu'ils ont tous en commun.
 
'''3.344''' Ce qui dénote dans le symbole, c'est ce qui est commun à tous les symboles qui peuvent le remplacer conformément aux règles de syntaxe logique.
 
'''3.3441''' On peut, par exemple, exprimer ainsi ce qui est commun à toutes les notations des fonctions de vérité : il leur est commun de pouvoir toutes ''être remplacées'' en utilisant – par exemple – la notation « ~p » (« non p ») et « p v q » (« p ou q »). (Ce qui nous fait connaître la manière dont une notation particulière possible peut nous donner une information générale.)
 
'''3.3442''' Aussi, le signe d'un complexe ne se résout pas arbitrairement par l'analyse, de sorte que, en quelque manière, sa résolution serait différente dans chaque construction propositionnelle.
 
'''3.4''' La proposition détermine un lieu dans l'espace logique. L'existence de ce lieu logique est garantie par la seule existence des parties constituantes, par l'existence de la proposition pourvue de sens.
 
'''3.41''' Le signe propositionnel et les coordonnées logiques : voilà le lieu logique.
 
'''3.411''' Le lieu géométrique et le lieu logique s'accordent en ceci, que tous deux sont la possibilité d'une existence<ref>''Existenz''.</ref>.
 
'''3.42''' Quoique la proposition ne puisse déterminer qu'un seul lieu de l'espace logique, la totalité de celui-ci doit pourtant être déjà donnée par la proposition.
 
(Sinon la négation, la somme et le produit logique introduiraient constamment de nouveaux éléments – en coordination.)
 
(L'échafaudage logique enveloppant une image détermine l'espace logique. La proposition traverse de part en part l'espace logique tout entier.)
 
'''3.5''' Le signe propositionnel employé, pensé, est la pensée.
 
'''4''' La pensée est la proposition pourvue de sens.
 
'''4.001''' La totalité des propositions est la langue.
 
'''4.002''' L'homme possède la capacité de construire des langues par le moyen desquelles tout sens peut être exprimé, sans qu'il ait une idée de ce que chaque mot signifie, ni comment il signifie. De même aussi l'on parle sans savoir comment sont produits les différents sons.
 
La langue usuelle est une partie de l'organisme humain, et n'est pas moins compliquée que lui.
 
Il est humainement impossible de se saisir immédiatement, à partir d'elle, de la logique de la langue.
 
La langue déguise la pensée. Et de telle manière que l'on ne peut, d'après la forme extérieure du vêtement, découvrir la forme de la pensée qu'il habille; car la forme extérieure du