Tractatus logico-philosophicus (français): Difference between revisions

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|translator=Traduction : {{plainlink|[https://en.wikipedia.org/wiki/Gilles-Gaston_Granger Gilles-Gaston Granger]}}
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|notes=Cette édition digitale est une reproduction de l’édition papier suivante : Ludwig Wittgenstein (traduction, préambule et notes de Gilles-Gaston Granger), ''Tractatus logico-philosophicus'', Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de philosophie », 1993. La transcription publiée sur ce site internet a été réalisée par {{person link|Michele Lavazza}} et corrigée par Thomas Houlié. Le texte original est dans le domaine public dans tous les pays pour lesquels le droit d’auteur a une durée de vie de 70 ans ou moins après la mort de l’auteur. Tous les droits sur la traduction appartiennent au [https://centregranger.cnrs.fr/ Centre Gilles-Gaston Granger]. Le [[Main Page|Ludwig Wittgenstein Project]] remercie les Directeurs du Centre Gilles-Gaston Granger pour l’autorisation de publier cette édition digitale. Toute reproduction de ce texte est interdite.
|notes=Cette édition digitale est une reproduction de l’édition papier suivante : Ludwig Wittgenstein (traduction, préambule et notes de Gilles-Gaston Granger), ''Tractatus logico-philosophicus'', Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de philosophie », 1993. La transcription publiée sur ce site internet a été réalisée par {{person link|Michele Lavazza}} et corrigée par Thomas Houlié. Le texte original est dans le domaine public dans tous les pays pour lesquels le droit d’auteur a une durée de vie de 70 ans ou moins après la mort de l’auteur. Tous les droits sur la traduction appartiennent au [https://centregranger.cnrs.fr/ Centre Gilles-Gaston Granger]. Le [[Main Page|Ludwig Wittgenstein Project]] remercie les Directeurs du Centre Gilles-Gaston Granger pour l’autorisation de publier cette édition digitale. Toute reproduction de ce texte est interdite.
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{{title|Tractatus logico-philosophicus}}
{{discreet h2|Préambule du traducteur}}
 
''Faut-il faire précéder d'une préface la traduction du ''Tractatus''? L'exemple malheureux de Russell suffirait à nous en dissuader. Rédigée par l'un des philosophes les plus pénétrants de son temps, et apparemment le plus capable de comprendre l'originalité de son cadet, sa préface que l'on lira n'eut pas l'heur, c'est le moins que l'on puisse dire, de plaire à Wittgenstein. Il écrit dans une lettre en allemand du 6 mai 1922, adressée à Russell:''
 
<blockquote>Ton Introduction ne sera pas imprimée, et, par conséquent, il est vraisemblable que mon livre ne le sera pas non plus. Car lorsque j'ai eu devant les yeux la traduction allemande de l'Introduction, je n'ai pu alors me résoudre à la laisser imprimer avec mon livre. La finesse de ton style anglais s'était en effet, comme il est naturel, perdue dans la traduction, et ce qui restait n'était que superficialité et incompréhension<ref>Publié dans ''Carnets (1914-1916)'', p. 235, trad. G. Granger, Gallimard, 1971.</ref>... »</blockquote>
 
''Il est permis d'attribuer au souci de ménager quelque peu son ami l'allusion à la «&nbsp;finesse du style anglais&nbsp;» et de retenir surtout la «&nbsp;superficialité et l'incompréhension&nbsp;». Jugement sévère, mais pas tout à fait inexact comme pourra s'en assurer le lecteur. Avec infiniment moins de talent que Russell mais beaucoup plus de recul, il ne serait sans doute pas impossible d'espérer éviter un désaveu aussi radical – qui ne serait alors il est vrai, de toute façon, que posthume. Le présent traducteur ne s'y risquera pourtant pas, estimant que, malgré sa difficulté et son laconisme, le texte du ''Tractatus'' peut aujourd'hui être présenté dans son orgueilleuse et souveraine nudité.''
 
''Le ''Tractatus'' propose une philosophie complète. Les sept aphorismes principaux ne sont cependant pas des thèses, mais des élucidations, successivement enchaînées, de ce qu'il est légitime de formuler dans le langage touchant la réalité (le monde). Il s'agit donc d'une philosophie «&nbsp;négative&nbsp;», au sens où les théologiens parlent d'une théologie négative, circonscrivant seulement les frontières de ce qui serait pensable à propos de Dieu. Le ''Tractatus'' a pour but non de dire ce qu'est la réalité du monde, mais de délimiter ce qui en est pensable, c'est-à-dire exprimable dans un langage. Et seules les propositions de la science, vraies ou fausses, satisferaient à cette exigence. Le discours du philosophe ne peut que rendre manifeste le fonctionnement correct du langage et montrer le caractère illusoire de son usage lorsqu'il prétend aller au-delà d'une description des faits.''
 
''Wittgenstein reviendra plus tard, dans ses écrits postérieurs, sur les difficultés internes de cette philosophie négative, sans toutefois abandonner vraiment l'idée qu'un tel discours ne peut rien nous dire du monde des faits. Il insistera alors sur la pluralité des formes possibles d'utilisation du langage, et sur le caractère ''thérapeutique'' de l'usage que le philosophe en peut faire. Aussi bien, comme il le fait remarquer lui-même en quelque endroit, on ne saurait saisir le sens de cette philosophie renouvelée que si l'on a traversé le moment du ''Tractatus''.''
 
''Ce bref ouvrage n'est pas seulement un des textes marquants de la philosophie contemporaine, il est aussi une œuvre d'art qui frappe par la concision incisive de la langue et la cadence souvent poétique du style philosophique. ''Incessu'', comme dit le poète, ''incessu patuit dea''. «&nbsp;À sa démarche on reconnut la déesse.&nbsp;» Une traduction parfaite devrait donc transposer dans notre langue et faire sentir au lecteur cette qualité littéraire. On ne saurait se vanter d'y être généralement parvenu. D'autant plus qu'une autre exigence, dominante, devait être satisfaite, à savoir l'obligation majeure de transmettre exactement le contenu philosophique du texte. Pour y parvenir une condition minimale était de maintenir en français une uniformité de traduction rigoureuse du vocabulaire philosophiquement significatif, bien que le contexte français suggère parfois des variantes; on trouvera dans l'index les mots allemands ainsi traduits. On a ajouté quelques notes, en très petit nombre, soit pour attirer l'attention en cours de lecture sur le mot allemand, soit pour éclairer le sens littéral d'une expression, mais jamais pour esquisser un commentaire ou une interprétation philosophique, largement réalisée dans d'autres ouvrages ainsi que par d'autres auteurs.''
 
{{p right|Gilles Gaston Granger<br/>« Cassiopée », août 1992}}
 
''Cette traduction doit beaucoup à Françoise Hock, naguère ma collègue à l'Université de Provence, qui a bien voulu en réviser, et en a considérablement amélioré, une première version. Je lui exprime ici le plaisir que m'a donné cette collaboration, et ma très vive gratitude. Il va de soi que je suis seul responsable de l'ensemble et des aspects critiquables qui peuvent y subsister.''
 
 
{{title|Traité logico-philosophique}}
{{discreet h2|Tractatus logico-philosophicus}}